dijous, 10 de juny del 2021

El bilingüisme individual, algunes idees bàsiques

À partir de quand devient-on bilingue?

Xavier Aparicio, The conversation, 8 juin 2021

Plus de la moitié de la population mondiale au moins est bilingue, et deux tiers des enfants dans le monde grandissent dans un environnement où se croisent plusieurs langues. Mais, si le bilinguisme est fréquent, ses définitions sont variées. Elles s’appuient sur le vécu ou le ressenti que l’on peut avoir concernant les langues, ce qu’elles véhiculent et ce qu’elles représentent.

Certains mettent l’accent sur l’appropriation culturelle, d’autres se basent sur des critères de pratique, et surtout de maîtrise équivalente des langues, pour considérer qu’un individu est réellement bilingue. La question divise les scientifiques.

Dès 1930, Bloomfield définit le bilinguisme comme le contrôle parfait de deux langues, comme si chacune était une langue maternelle. Il y a dans cette description une vision quelque peu « idéalisée » du bilingue, à travers la définition d’un bilinguisme parfait, équilibré, supposant des compétences écrites et orales équivalentes dans les deux langues. Un bilingue serait donc, d’après cette définition, la somme de deux monolingues.

Or, ce type de bilinguisme est extrêmement rare, et en réalité les bilingues ont des profils langagiers très variés, pouvant nous amener à dire que chaque bilingue est unique dans son rapport aux langues. Mackey définit le bilinguisme comme l’utilisation alternée de deux langues ou plus, et Grosjean définit, lui, les bilingues comme utilisant deux langues ou plus dans leurs activités de tous les jours.

Enfin, Cook définit le bilingue comme un individu multicompétent, qui va développer des compétences langagières en cohérence avec le contexte d’acquisition et d’utilisation de la seconde langue. Ainsi, un individu pourra être considéré comme bilingue même s’il ne maîtrise que partiellement la seconde langue, avec par exemple une pratique essentiellement écrite.

En bref, une définition relativement simple du bilinguisme, dans laquelle se retrouvent plusieurs millions de locuteurs, correspondrait à l’utilisation régulière et en alternance d’au moins deux langues pour un individu.

Précocité des apprentissages

Cette définition est néanmoins rendue complexe par les conditions et niveaux de maîtrise des langues qui peuvent varier. D’après Ranka Bijeljac-Babić, dans L’enfant bilingue, de la petite enfance à l’école, deux critères sont à considérer pour affiner cette définition :

  • l’âge d’acquisition des langues ;

  • le niveau de maîtrise de chacune des langues.

Concernant le premier critère, une classification est proposée selon l’âge d’acquisition de la seconde langue. Lorsque l’apprentissage des langues se fait durant la toute petite enfance, avant l’âge de 3 ou 4 ans, on parle de bilinguisme précoce simultané.

Avant la puberté, on parle de bilinguisme précoce consécutif, car la seconde langue se met en place au sein du système lexical alors qu’une première langue (la langue maternelle) est déjà installée. Enfin, lorsque l’apprentissage de la seconde langue se fait après l’adolescence, on parlera de bilinguisme tardif.

Comment devient-on bilingue ? Interview de Christine Hélot (DULALA).

Concernant le second critère, le niveau de compétence est plus difficile à estimer, car il dépend de l’utilisation réelle qui est faite des deux langues. Un même individu peut avoir des compétences très variables en termes de compréhension et de production orales, ou de compréhension et de production écrites.

Là encore, les constats sont variés : certains parlent très bien une langue sans pouvoir l’écrire, d’autres ont de bonnes compétences écrites dans une langue mais la maîtrisent très mal à l’oral. Et bien sûr, il est tout à fait possible d’avoir un bon niveau de maîtrise, oral et écrit, en compréhension comme en production dans plusieurs langues.

S’il est difficile d’admettre que le bilinguisme parfait existe, c’est qu’il suppose qu’une personne maîtrise les deux langues comme un locuteur natif (et il est déjà compliqué de dire qu’un monolingue maîtrise parfaitement sa langue dans tous ses aspects).



Cependant, même dans le cadre d’un apprentissage simultané des deux langues, les contextes d’utilisation vont amener l’une des langues à être dominante par rapport à l’autre. C’est la langue qui sera activée le plus spontanément, qui comportera moins de pauses, qui donnera lieu aux phrases les plus riches, les plus complexes.

La langue dominante n’est pas nécessairement la langue maternelle. Une personne immigrant dans un pays dont elle ne connaît pas la langue développera progressivement un lexique dans cette seconde langue. Si la seconde langue est utilisée quotidiennement, et que la langue maternelle ne l’est plus du tout, la seconde langue deviendra alors la langue dominante.

Jongler entre les langues

En psycholinguistique, le lexique mental regroupe toutes les informations que nous connaissons sur les mots et leurs caractéristiques (orthographiques, phonologiques, syntaxiques, sémantiques et d’appartenance linguistique). Tout individu possède un lexique mental qui lui permet d’accéder aux informations linguistiques connues.

On considère que, pour un monolingue, le lexique mental est constitué de 40 000 à 60 000 entrées, ce qui suppose par exemple, dans le cadre de l’identification de mots, que le lecteur va récupérer une information en mémoire parmi cette quantité conséquente d’entrées. Chez les bilingues, le fonctionnement est similaire mais en toute logique les entrées en mémoire sont plus importantes, car le lexique mental regroupe les informations des différentes langues connues.

Deux hypothèses ont longtemps fait débat dans la littérature concernant la façon dont les bilingues accèdent aux informations stockées dans le lexique mental.

  • L’hypothèse d’accès sélectif suppose que lorsqu’un bilingue parle une langue, l’autre est inhibée. Le passage d’une langue à l’autre se ferait en passant par une sorte d’interrupteur, permettant “ d’éteindre ” une langue pour « allumer » celle qui n’était pas utilisée. Cette hypothèse suppose toutefois qu’il n’y a pas d’interférences entre les langues.

  • L’hypothèse d’accès non sélectif suppose elle que les langues interagissent au sein du lexique mental et s’influencent mutuellement. En identifiant un mot, les candidats lexicaux de toutes les langues connues seraient activés.

Dans le cadre de l’apprentissage d’une seconde langue, la langue maternelle sert de base à l’apprentissage des concepts dans la seconde langue, dans le cas où elle est déjà en place. Plus la fréquence d’exposition à la langue seconde est forte, et plus l’apprenant va être capable d’accéder au sens des mots directement dans cette langue, sans passer par la médiation par la première langue.

Illustration du modèle développemental d’activation interactive bilingue, d’après Grainger, Midgley & Holcomb, 2010. Fourni par l'auteur

Peut-on « perdre » sa langue maternelle ?

Peut-être que certains ont en mémoire la scène de L’Auberge espagnole de Klapisch, dans laquelle le personnage principal, interprété par Romain Duris, n’est plus capable de communiquer dans sa langue maternelle (français), et ne peut plus communiquer que dans la langue qu’il est venu apprendre, l’espagnol.

Même s’il s’agit d’un rêve du protagoniste dans le film, le phénomène d’attrition décrit ici est tout à fait réel. L’attrition correspond à des modifications fondamentales dans les compétences dans la langue maternelle.

D’après les travaux de Barbara Köpke et ses collaborateurs, il s’agit d’une affectation non pathologique d’une langue connue (on parle aussi de glissement linguistique), majoritairement observée chez des personnes issues de l’immigration. Ainsi, pour une personne immigrée qui n’aurait plus de contact avec sa langue maternelle, l’attrition se manifeste par des difficultés d’accès au lexique (difficultés à accéder au sens des mots et à produire les mots).

Dans une moindre mesure, pour une personne qui a surtout des contacts avec d’autres immigrés, l’attrition se caractérise principalement par l’influence de la seconde langue sur la langue maternelle, et comporte des interférences à tous les niveaux linguistiques.

À la différence du premier cas où le contact avec la langue maternelle est coupé, si la personne maintient un contact régulier avec les membres de sa communauté d’origine, un contact, même quantitativement peu important, suffit à maintenir la première langue en bon état de marche chez l’adulte.

Il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » bilinguisme, mais les études montrent qu’une pratique régulière permettra de développer de façon plus efficace les compétences. 

Les travaux de Köpke (2021) soulignent que les études de l’attrition chez l’enfant font état de modifications fondamentales de la compétence dans la première langue lorsque l’apprentissage se fait de façon précoce, ces modifications n’étant pas observées chez les bilingues tardifs. Une compétence native dans une langue deviendrait ainsi « invulnérable » si elle est utilisée continuellement jusqu’à la puberté.

La mise en évidence de ces effets d’attrition souligne l’importance de la plasticité cérébrale. Des études en neuro-imagerie réalisées chez des jeunes adultes français, coréens de naissance, ayant été adoptés entre 3 et 6 ans, ne montrent aucune trace persistante de la langue d’origine, même pour les séries automatiques comme les chiffres de 1 à 10, et aucune différence d’activation cérébrale entre ces adoptés et des participants du groupe de contrôle (ne connaissant pas la langue) lors d’une tâche d’écoute du coréen.

En conclusion, il y a différents chemins qui mènent au bilinguisme. Si c’est un concept qui n’est pas simple à définir, au-delà de l’aspect « classification » qui peut parfois être stigmatisant, il est important de valoriser les langues (toutes les langues) et leur utilisation. Il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » bilingue, mais les études montrent qu’il est important de favoriser un apprentissage précoce des langues, et qu’une pratique régulière quotidienne permettra de développer de façon plus efficace les compétences langagières.

Segregació escolar, polítiques concretes, camí positiu

 

Manlleu, 30 anys d’acords contra la segregació escolar

Notícies

El desplegament de mesures d’escolarització equilibrada és imprescindible per lluitar contra la segregació escolar. Hi ha municipis que fa anys que apliquen moltes d’aquestes mesures i que han situat la lluita contra la segregació escolar com a part del seu l’ADN. Aquest és el cas de Manlleu, amb baixos nivells de segregació escolar i un robust engranatge de polítiques d’equilibri escolar.

“A l’hora de prendre decisions hi pot haver discussions, però la majoria de vegades, sent transparents amb les dades, no hi ha res per discutir i hem de posar-nos d’acord”

Núria Font, responsable d'Educació de l’Ajuntament de Manlleu, explica un dels factors de l’èxit: la confiança. “El més important per mantenir els nostres acords per lluitar contra la segregació és la confiança entre l’equip tècnic, els polítics, les escoles, els Serveis Educatius, l’EAP, Inspecció i les mateixes famílies”. Aquesta confiança se sustenta en la transparència en la presa de decisions. La Comissió de Garanties és un espai on participen tots els centres, i totes les direccions coneixen les assignacions de matrícula viva i els nivells de complexitat dels centres. “A l’hora de prendre decisions hi pot haver discussions, però la majoria de vegades, sent transparents amb les dades, no hi ha res per discutir i hem de posar-nos d’acord”, explica Núria Font.

Els espais de treball conjunt entre actors i la ferma decisió de donar una resposta única a les famílies també és un factor fonamental de l’èxit de Manlleu. “Quan una família no està contenta amb l’assignació, o un grup de pares i mares es mobilitzen perquè volen crear una línia en una escola concertada saben que l’OME, Inspecció, l’escola i l’alcalde els donaran el mateix missatge. Això ens empodera als tècnics i ens dóna seguretat a tothom”, diu la responsable d’Educació de Manlleu, “transmetem la seguretat a les famílies que la ciutat aposta per un model, tots estem d’acord, tots hi treballem i tots hem de posar de la nostra part, les famílies també”.

Una bateria d’actuacions sustentada en la confiança i l’entesa entre actors

Aquesta manera de funcionar va començar als anys 90. L’objectiu era revertir l’homogeneïtzació de les escoles que ja es va produir anys enrere amb la immigració de la resta de l’Estat i que en aquell moment s’accentuava amb l’arribada de nova població estrangera.

Com a primer pas, es va començar a fer polítiques de reserva de places per alumnes amb necessitats específiques. Aquesta mesura va permetre distribuir l’alumnat vulnerable entre totes les escoles, incloses les concertades. Des d’aquell moment es van anar desplegant moltes més mesures que es van consolidar en la dècada dels 2000:

  • Creació d’una Oficina Municipal d’Escolarització.
  • Una Comissió d’Escolarització ampliada on, a més dels actors que marca la norma, hi participen totes les direccions de centres i diferents actors de l’Ajuntament. Així, tots coneixen la informació en el mateix moment i les decisions es prenen de manera consensuada.
  • Una Comissió permanent, més petita que la Comissió de Garanties, que gestiona els assumptes quotidians, distribueix la matrícula viva i informa de les assignacions a tots els centres amb un correu, de manera que tothom pot veure quants alumnes s’han assignat a cada centre. Després, a la Comissió ampliada es ratifiquen totes aquestes assignacions.
  • Detecció de NESE de tot el cens de P3 i 6è abans de l’escolarització, aproximadament un 30% dels alumnes, i reserva de places ajustada a les necessitats, que oscil·la entre 6 i 8 per aula en funció de l’any.
  • Reducció de ràtio a 22 a P3 a tots els centres i a 27 a 1r d’ESO a centres públics per aconseguir una oferta ajustada sense sobreoferta.
  • Durant la matrícula viva tots els alumnes passen per l’OME, es detecten els NESE i es fa la prova de nivell amb el suport de la LIC.
  • Acompanyament de les famílies en el procés de matriculació. Els elements més importants d’aquest acompanyament: reunió informativa dirigida a les famílies que han de matricular els seus fills/es a P3, reunió de segona volta amb les famílies que han de triar plaça d’ofici, acompanyament individualitzat si han d’assumir una assignació que no era la desitjada.
  • Desplegament d’un instrument de lluita contra l’absentisme, treballat des de P3.
  • Hi ha auxiliars de P3 que fan l’acollida de les famílies a totes les escoles.
  • Projectes singulars a aquells centres amb menor demanda: un centre Magnet i un projecte de música per fer més atractius aquests centres a tota mena de perfils.
  • Un projecte d’extraescolars compartides entre tots els centres per mesclar l'alumnat en el fora escola.

Aquest consens s’ha mantingut al llarg dels anys i s’ha assumit per tots els governs de tots els colors polítics. “El més important és l’entesa entre el Departament i l’Ajuntament”, assenyala la Núria Font, “així s’aconsegueix una coberta institucional que facilita el clima d’entesa entre tots els agents implicats”. Un element clau per sostenir aquests acords és el treball conjunt entre els centres públics i concertats, que comparteixen una visió de ciutat i un esperit de servei públic.

Per altra banda, recalca, aquest consens ha d’arribar més enllà de l’àmbit institucional. Han de participar-hi altres agents, associacions de pares i mares, entitats i tota la ciutadania per fer el debat públic necessari i aconseguir que tothom participi en el projecte educatiu de ciutat. “Així la ciutadania cada cop proposa i exigeix més”, explica la Núria Font.

Aquest article forma part del monogràfic Segregació escolar: quin és el problema i quines polítiques municipals funcionen? Recull articles, orientacions i experiències per contribuir a reduir la segregació escolar a Catalunya. Consulta'l, descarrega la publicació i comparteix-lo!